Des mots blessants sur la violence et la maladie mentale
Il existe des propos troublants sur la maladie mentale qui circulent dans notre pays et plus au sud, et ils ne peuvent rester sans réponse. Ces propos ne sont pas seulement blessants, ils sont odieux, ils sont dangereux, et nous avons décidé de ne pas les répéter ici.
Nous faisons référence aux mots et déclarations publiques qui renforcent cette idée fausse que la maladie mentale rend les gens violents. Cinquante pour cent des reportages médiatiques portant sur les personnes ayant une maladie mentale les décrivent comme violentes[1], même si les personnes ayant une maladie mentale grave sont en fait quatre fois plus susceptibles d’être victimes de violence que celles n’ayant pas de maladie mentale[2].
Or, ce n’est pas parce que ce type de langage est grossier, impoli ou politiquement incorrect. Lorsque la maladie mentale est dépeinte publiquement comme une menace violente et non pas comme un diagnostic médical, une population diversifiée est stéréotypée et déshumanisée. Et de cette façon, les personnes qui ont une maladie mentale sont offertes en spectacle.
Il vaut la peine de répéter les données encore et encore, car nous, en tant que société, semblons incapables d’ébranler ce mythe haineux. Il est tout simplement faux d’affirmer que les personnes ayant une maladie mentale sont disproportionnellement violentes, peu importe le nombre de médias ou de déclarations publiques qui prétendent que c’est le cas. Il est important de prendre les données au sérieux, car les enjeux sont immenses.
Ce genre de rhétorique qui renforce ce mythe sème également la panique et la peur. Elle mise sur nos craintes à propos de la maladie mentale et peut nous donner l’impression que nous ne sommes pas en sécurité dans nos communautés. Cela nous fait oublier que les personnes ayant une maladie mentale contribuent autant que les autres à la société. Cela nous porte à croire que les personnes avec une maladie mentale ne font pas partie de nos communautés. Plus nous croyons cela, plus il devient acceptable d’exclure les personnes qui vivent avec une maladie mentale. En fait, celles-ci font partie des personnes les plus vulnérables de la société et elles sont plus susceptibles de connaître la pauvreté, le chômage et l’isolement social. C’est pour cette raison que les programmes et les politiques qui font la promotion de l’inclusion – et non de l’exclusion – des personnes ayant une maladie mentale sont essentiels.
Un climat de peur peut nous rendre profondément méfiants les uns envers les autres. Cela nous incite à remettre en question, à tort, l’impact des grands progrès sociaux et politiques que nous avons réalisés depuis plusieurs décennies. Cela peut aussi faire en sorte que les personnes qui éprouvent des problèmes de santé mentale aient peur de demander de l’aide par crainte d’être étiquetées, rejetées ou pire encore.
Cela peut aussi provoquer le dépouillement de services sociaux et en santé mentale, qui sont déjà inadéquats, pour les remplacer par des politiques punitives, au lieu de traiter et de soigner.
Cela peut signifier que des êtres humains sont déshumanisés, non pas seulement en paroles, mais de manière réelle et tangible. Voilà le véritable danger.
Depuis maintenant un certain temps, il y a un vaste mouvement de personnes et d’organismes au Canada qui luttent contre la stigmatisation liée à la maladie mentale. Et nous avons fait des progrès.
Nous ne pouvons pas laisser la tendance s’inverser.
[1] Whitley, Rob et JiaWei Wang. « Television coverage of mental illness in Canada: 2013–2015 ». Social psychiatry and psychiatric epidemiology 52, no 2 (2017) : 241-244.
[2] Choe JY, Teplin LA et Abram KM, « Perpetration of violence, violent victimization, and severe mental illness: balancing public health concerns ». Psychiatr Serv 59.2 (2008):153-64; Perreault, Samuel. « La victimisation criminelle au Canada, 2014 ». Juristat. No de catalogue de Statistique Canada : 85‑002‑x, 2015.