L’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) soutient que chaque enfant devrait pouvoir ressentir de la fierté et accepter son individualité propre, peu importe ses caractéristiques, ses origines ou son apparence. Nous défendons le droit des enfants d’exprimer leur identité de genre, et de vivre, d’apprendre et de jouer dans des milieux sécuritaires et inclusifs, où leur individualité est reconnue et admise. Soutenir leur authenticité signifie aussi protéger leur droit à la sécurité, à l’autodétermination et à la non-discrimination, et promouvoir leur santé mentale et leur bien-être.
Le fait de pouvoir exprimer librement leur individualité et de sentir que celle-ci est acceptée permet aux enfants d’éprouver un sentiment d’appartenance qui nourrit leur bien-être psychologique. Cette réalité vaut pour l’ensemble des enfants et des jeunes, sans égard à leur apparence, à leur manière d’agir ou de s’afficher, à leur expression de genre ou à leurs différences observables. C’est d’ailleurs vrai pour les jeunes comme pour tous les êtres humains : l’appartenance favorise l’épanouissement alors que les discriminations fondées sur le genre ou l’appartenance raciale, culturelle ou religieuse engendrent la souffrance.
L’ACSM craint que la désinformation grandissante et les discours haineux à propos des minorités de genre – dont les personnes s’identifiant comme trans, non binaires ou bispirituelles – représentent une menace pour leurs droits, leur sécurité et leur bien-être.
Lorsque leur identité n’est pas reconnue socialement ou légalement, les enfants dont l’identité de genre ne correspond pas à la norme risquent davantage d’être victimes de violence, de discrimination et d’intimidation et de faire l’objet de stigmatisation et de marginalisation institutionnelle[i]. Les jeunes trans déclarent des taux deux fois plus élevés de violence ou de menaces physiques que les jeunes LGBQ cisgenres[ii].
Les faits relatifs à la santé mentale sont tout aussi crève-cœur : les jeunes trans et non binaires sont 7,6 fois plus susceptibles d’avoir fait une tentative de suicide que les jeunes cisgenres, sont plus à risque d’automutilation et déclarent des taux de dépression clinique pouvant atteindre 68 %, par rapport à la prévalence mondiale de 3,8 %[iii].
Soutenir les enfants favorise leur santé mentale
L’enfance est une période charnière pour l’exploration identitaire et la construction de l’image de soi par rapport aux autres, en fonction, notamment, de la culture, du patrimoine et du genre de la personne. Le fait d’offrir des environnements sécuritaires et aimants pose les bases d’une identité personnelle positive et d’une bonne santé mentale. Les recherches montrent que, chez les enfants transgenres ou de la diversité de genre, le soutien des parents, de la famille et d’amies et amis attentionnés, de même que la création de liens significatifs à l’école, réduit le risque de suicide ainsi que le risque de souffrir de détresse psychologique, d’un trouble de stress post-traumatique, de dépression et de troubles alimentaires. Apporter du soutien à ces enfants favorise aussi leur persévérance et leur réussite scolaires[iv].
Comme toutes les formes de diversité, la diversité des expressions de genre contribue à la richesse de l’expérience humaine[v]. À juste titre, nous voulons appuyer les enfants dans le développement de leur identité culturelle et linguistique unique et soutenir les enfants ayant des capacités différentes; de la même façon, nous devons affirmer que leur identité de genre est valide. Savoir que les autres nous aiment et nous acceptent pour qui nous sommes, y compris l’expression de notre identité de genre, est essentiel à notre bien-être psychologique.
Lorsque nous l’aimons, l’acceptons et lui permettons d’être elle-même, la jeune personne transgenre ou de la diversité de genre peut s’épanouir.
Afin de soutenir la santé mentale des enfants, l’ACSM invite les parents, le personnel enseignant et de garde, les membres de la communauté et les prestataires de soins à collaborer pour promouvoir l’acceptation, l’inclusion, la sécurité et la pleine participation des enfants, quelles que soient leur apparence et leur identité.
[i] Jan M.A. de Vries, Carmel Downes, Danika Sharek, Louise Doyle, Rebecca Murphy, Thelma Begley, Edward McCann, Fintan Sheerin, Siobhan Smyth et Agnes Higgins. « An Exploration of Mental Distress in Transgender People in Ireland with Reference to Minority Stress and Dissonance Theory », International Journal of Transgender Health, 2002. https://www.tandfonline.com (en anglais seulement)
[ii] Myeshia Price-Feeney, Amy E. Gree et Samuel Dorison. « Understanding the Mental Health of Transgender and Nonbinary Youth », Journal of Adolescent Health, vol. 66, 2014. https://www.transyouthadvocacylibrary.org (en anglais seulement)
[iii] Mila Kingbury, Nicole G. Hammond, Far Johnstone et Ian Colman. « Suicidality among Sexual Minority and Transgender Adolescents: A Nationally Representative Population-based Study of Youth in Canada », CMAJ, vol. 194, no 22, juin 2022, p. E767-E774; Jaimie F. Veale, Ryan J. Watson, Tracey Peter et Elizabeth M. Saewyc, « The Mental Health of Canadian Transgender Youth Compared with the Canadian Population », Journal of Adolescent Health, vol. 60, no 1, 2017, p. 44-49.
[iv] Ryan J. Watson, Jaimie F. Veale et Elizabeth M. Saewyc, « Disordered Eating Behaviors among Transgender Youth: Probability Profiles from Risk and Protective Factors », International Journal of Eating Disorders, vol. 50, no 5, 2017, p. 515-522; Michelle Marie Johns, Oscar Beltran, Heather L. Armstrong, Paula E. Jayne et Lisa Barrios, « Protective Factors among Transgender and Gender Variant Youth: A Systemic Review by Socioecological Level », The Journal of Primary Prevention, vol. 39, no 3, 2018, p. 263-301.
[v] Lisa M. Diamond, « Gender Fluidity and Nonbinary Gender Identities Among Children and Adolescents », Child Development Perspectives, vol. 0, no 0, 2020, p. 1-6.